Evasion fiscale : les travaux de l’OCDE sur les prix de transfert et les transferts indirects de bénéfices

Face aux défis posés par la mondialisation et la digitalisation des économies, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale est devenue une priorité pour les États. Les prix de transfert et les transferts indirects de bénéfices entre entreprises liées sont particulièrement surveillés, car ils peuvent être utilisés pour déplacer artificiellement des profits vers des juridictions à fiscalité réduite.

L’OCDE, à travers ses travaux sur la fiscalité internationale et le projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting), a renforcé les règles en matière de prix de transfert pour garantir que les multinationales paient un impôt équitable dans les pays où elles exercent réellement leur activité. En France, ces principes sont intégrés notamment via l’article 57 du Code général des impôts (CGI), qui encadre et sanctionne les transferts indirects de bénéfices entre entreprises dépendantes.

Dans cet article, nous détaillons :
Le cadre défini par l’OCDE sur les prix de transfert
Le contrôle des transferts indirects de bénéfices en France
Les obligations documentaires des entreprises multinationales
Les solutions pour sécuriser sa politique de prix de transfert et éviter un redressement fiscal


1. Prix de transfert et travaux de l’OCDE : un encadrement renforcé

Les prix de transfert désignent les montants facturés entre entités d’un même groupe multinational pour des échanges de biens, de services ou l’exploitation d’actifs immatériels (brevets, marques, logiciels, etc.). Ces prix doivent être fixés selon le principe de pleine concurrence, établi par l’OCDE, qui impose que les transactions entre entreprises liées soient réalisées dans les mêmes conditions que celles conclues entre entreprises indépendantes.

A. L’OCDE et la lutte contre l’évasion fiscale

L’OCDE, à travers son plan d’action BEPS, a identifié plusieurs stratégies utilisées par les multinationales pour dissimuler leurs bénéfices dans des juridictions à faible fiscalité. Parmi ces pratiques figurent :
La manipulation des prix de transfert, permettant de déplacer les bénéfices vers des pays à imposition réduite.
L’exploitation d’actifs immatériels, tels que des brevets ou des marques, avec des redevances artificiellement élevées.
Les structures hybrides, qui permettent de bénéficier de traitements fiscaux différents selon les juridictions.

B. Les méthodes de fixation des prix de transfert selon l’OCDE

Pour assurer la conformité avec le principe de pleine concurrence, l’OCDE a défini plusieurs méthodes pour évaluer la justesse des prix de transfert appliqués :
Méthode du prix comparable sur le marché libre : comparaison avec des transactions similaires conclues entre entreprises indépendantes.
Méthode du prix de revient majoré : calcul des coûts engagés, augmentés d’une marge de bénéfice raisonnable.
Méthode du prix de revente : analyse du prix auquel un produit est revendu sur le marché, après déduction d’une marge de profit standard.
Méthodes transactionnelles de bénéfices, qui se basent sur la répartition des profits entre entreprises liées.

Ces méthodes sont utilisées par les administrations fiscales pour vérifier la conformité des prix de transfert et corriger d’éventuels écarts abusifs lors des contrôles fiscaux.


2. L’article 57 du CGI : le cadre français de contrôle des transferts indirects de bénéfices

En France, l’article 57 du Code général des impôts (CGI) permet à l’administration fiscale de réintégrer dans le résultat imposable d’une entreprise les bénéfices qui ont été irrégulièrement transférés à une entreprise liée à l’étranger.

A. Situations pouvant entraîner un redressement fiscal

Les autorités fiscales peuvent procéder à un ajustement des résultats lorsqu’une entreprise française :
Sous-évalue les prix de vente ou surévalue les prix d’achat dans ses transactions intra-groupe.
Facture des redevances excessives à une filiale située dans un pays à fiscalité réduite.
Accorde des prêts intra-groupe à des conditions anormales (taux d’intérêt trop bas ou absence de remboursement).
Abandonne une créance ou renonce à une recette sans justification économique valable.

En cas de contrôle, l’administration doit apporter la preuve qu’un avantage anormal a été accordé à une entreprise liée située à l’étranger. Toutefois, dans certaines situations (notamment en cas de transactions avec un État ou Territoire Non Coopératif – ETNC), la présomption de transfert irrégulier de bénéfices s’applique automatiquement, inversant ainsi la charge de la preuve.


3. Obligations documentaires et sanctions en cas de non-conformité

Pour garantir la transparence des pratiques fiscales des entreprises, l’OCDE et la réglementation française imposent la mise en place d’une documentation spécifique sur les prix de transfert.

A. La documentation des prix de transfert

Les entreprises multinationales doivent préparer un dossier détaillé comprenant :
Un Master File, qui décrit la structure du groupe, sa politique de prix de transfert et les principaux actifs détenus.
Un Local File, qui justifie les transactions intra-groupe réalisées en France et la méthode de fixation des prix appliquée.
Un Country-by-Country Report (CbCR), pour les groupes réalisant un chiffre d’affaires consolidé supérieur à 750 millions d’euros, détaillant la répartition des bénéfices et des impôts payés par pays.

B. Sanctions en cas de non-conformité

Rehaussement de l’impôt sur les sociétés en cas de transfert indirect de bénéfices.
Amende de 50 000 € par exercice en cas de documentation insuffisante ou absente.
Majorations fiscales de 40 % à 80 % en cas de manœuvres frauduleuses.


4. Nos solutions pour sécuriser vos prix de transfert et éviter un redressement fiscal

Chez LEXPERTAX, nous accompagnons les entreprises dans la mise en conformité et la sécurisation de leurs prix de transfert, en garantissant leur conformité fiscale et en réduisant les risques de redressement.

Nos services spécialisés :

Élaboration et mise à jour de la documentation des prix de transfert (Master File, Local File, CbCR).
Analyse et justification des transactions intra-groupe selon les recommandations de l’OCDE.
Préparation et gestion des contrôles fiscaux liés aux prix de transfert.
Assistance pour la négociation d’Accords Préalables en matière de Prix de Transfert (APA).
Veille fiscale et adaptation aux nouvelles réglementations internationales.


Conclusion

Les travaux de l’OCDE sur les prix de transfert et les transferts indirects de bénéfices ont profondément modifié la fiscalité internationale en imposant plus de transparence et de conformité aux entreprises multinationales.

Pour éviter un redressement fiscal et garantir la sécurité juridique de vos transactions intra-groupe, il est essentiel d’adopter une documentation rigoureuse et de mettre en place une stratégie fiscale conforme aux normes internationales.

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